lundi 12 mai 2014

En Mai, lis ce qu'il te plait....

Du côté des éditions Gallmeister...

Quelques nouveautés:
Homesman, Glendon Swarthout, 23€10
Au cœur des grandes plaines de l'Ouest, au milieu du XIXe siècle, Mary Bee Cuddy est une ancienne institutrice solitaire qui a appris à cultiver sa terre et à toujours laisser sa porte ouverte. Cette année-là, quatre femmes, brisées par l'hiver impitoyable et les conditions de vie extrêmes sur la Frontière, ont perdu la raison. Aux yeux de la communauté des colons, il n'y a qu'une seule solution : il faut rapatrier les démentes vers l'Est, vers leurs familles et leurs terres d'origine. Mary Bee accepte d'effectuer ce voyage de plusieurs semaines à travers le continent américain. Pour la seconder, Briggs, un bon à rien, voleur de concession voué à la pendaison, devra endosser le rôle de protecteur et l'accompagner dans son périple.
 Inoubliable portrait d’une femme hors du commun et de son compagnon taciturne, aventure et quête à rebours, Homesman se dévore de la première à la dernière page. 


Le voyage de Robey Childs, Robert Olmstead, 23€10

Un matin de 1863, la mère de Robey Childs s'éveille bouleversée par un songe. Un grand danger planerait sur son mari, soldat de la guerre de Sécession. Elle envoie alors Robey, son unique enfant, âgé de quatorze ans, sur les traces de son père avec pour seule arme une veste réversible aux couleurs des uniformes de chacune des deux armées. Commence alors pour Robey un voyage qui bouleversera sa vie. Monté sur un cheval noir hors du commun, cadeau providentiel d'un de ses voisins, il traversera un pays en ruines, découvrant sur sa route la véritable nature des hommes.

Lecture en cours de Romain: 
On pourrait se dire encore un roman sur la guerre de Sécession de la part de Gallmeister. En début d'année 2013 sortait l'excellent Wilderness de Lance Weller disponible en poche depuis janvier 2014.
Même si le contexte est le même, à travers les yeux d'un adolescent on découvre une autre approche de ce traumatisme de l'histoire américaine.


La guerre de sécession à travers l'escapade d'un adolescent qui part à la recherche de son père suite à une prémonition de sa mère. Il va découvrir l'horreur de la guerre et les atrocités dont les hommes sont capables. Un récit poignant dans un paysage sublime et omniprésent.





 Rêves arctiques, Barry Lopez, 24€50



Résultat de quatre années de voyage, de réflexions et de rencontres dans l'Arctique, ce livre est tout à la fois récit d’aventure, méditation sur l'art de l'exploration, histoires d’ours blancs et d'icebergs grands comme des villes. “C’est l'histoire d'une conversation sans âge, non seulement entre nous, sur ce que nous avons l'intention d'entreprendre ou ce que nous voulons réaliser, mais aussi avec cette terre – notre contemplation et notre admiration devant un orage sur la prairie, devant la crête découpée d’une jeune montagne ou devant l'essor soudain des canards au-dessus d'un lac isolé. Nous nous sommes raconté l’histoire de ce que nous représentons sur cette terre depuis quarante mille ans. Je crois qu'au cœur de cette histoire repose une simple et durable certitude : il est possible de vivre avec sagesse sur la terre, et d'y vivre bien.”


 
Joe, Larry Brown, 10€



Gary Jones a peut-être bien quinze ans. Sa famille vagabonde, arpente les rues et les bois du Mississippi tandis qu'il rêve d'échapper à cette vie, à l'emprise de son bon à rien d'ivrogne de père. Joe Ransom a la quarantaine bien sonnée. Il ne dénombre plus les bouteilles éclusées et les rixes déclenchées. Lorsqu'il croise le chemin de Gary, sauver le jeune garçon devient pour Joe l'occasion d'expier ses péchés et de compter enfin pour quelqu'un. Ensemble, ils vont avancer et tracer à deux un cours sinueux, qui pourrait bien mener au désastre… ou à la rédemption.

Superbement construit, pétri d’humanité, Joe offre une peinture universelle de la lutte entre le bien et le mal qui marque à tout jamais les lecteurs.
La dernière frontière, Howard Fast, 10€20


1878. Les Indiens cheyennes sont chassés des Grandes Plaines et parqués en Territoire indien, aujourd’hui l'Oklahoma. Dans cette région aride du Far West, les Cheyennes assistent, impuissants, à l'extinction programmée de leur peuple. Jusqu'à ce que trois cents d'entre eux, hommes, femmes, enfants, décident de s'enfuir pour retrouver leur terre sacrée des Black Hills. À leur poursuite, soldats et civils arpentent un pays déjà relié par les chemins de fer et les lignes télégraphiques et tentent à tout prix d'empêcher cet exode. L' ultime sursaut d'une nation prête à tout pour retrouver liberté et dignité.

La Dernière Frontière est l'un des plus grands livres consacrés à la question indienne : tout un chapitre de l'Histoire américaine défile ici au rythme haletant d’un film sur grand écran.
La grâce des brigands, Véronique Olvadé, points, 6€90
Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l'ordre qu'elle avait cru installer dans sa vie s'en trouve bouleversé.
Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l'adopter Peeleete, le fils de sa sœur. Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles).
Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l'esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n'est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d'un père, à la folie d'une mère et à la jalousie d'une sœur. Elle n'est plus non plus l'amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu'elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d'emprunt, Judy Garland.
Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l'écriture au coeur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands. 


Le livre des secrets, Fiona Kidman, Sabine Wespieser éditeur, 25€

En 1953, quand s’ouvre le roman, Maria vit depuis plus de cinquante ans seule dans la maison de famille délabrée. On la surnomme « la sorcière de Waipu », elle qui très jeune se rebella contre sa mère pour vivre sa passion avec un cantonnier. Mise au ban d’une communauté encore très respectueuse des strictes règles morales édictées par son sourcilleux fondateur – l’autoritaire et charismatique Norman McLeod, avec qui sa grand-mère Isabella quitta l’Écosse en 1817 –, elle a tout le temps de se pencher sur le passé.
Après plus de trente-cinq ans de voyage à travers le vaste monde et quelques longues étapes, en Nouvelle-Écosse et dans l’île de Cap-Breton, sur les côtes d’Amérique du Nord, McLeod, que ses disciples appelaient l’ « Homme », décida, en 1854, que leurs tribulations prendraient fin sur cette côte du Nord de la Nouvelle-Zélande où Maria vit le jour bien des années plus tard. L’Homme qui guida là son peuple, convaincu de le conduire sur le droit chemin, reposait depuis vingt ans déjà dans le cimetière près de l’océan.
Le journal tenu par sa grand-mère tout au long de sa vie aventureuse, et sur lequel Maria met la main, lui révèle pourtant l’envers du décor : s’y dessine non le portrait d’une diablesse dont elle aurait hérité les penchants pervers et indociles, comme sa propre mère tentait de l’en convaincre, mais celui de l’héroïne indépendante et téméraire que fut Isabella. Il fallait bien du courage en effet pour s’imposer face à un McLeod peu enclin à accepter chez ses ouailles des opinions individuelles, surtout quand celles-ci étaient des femmes.
Et l’on comprend, au fil de cette formidable saga, que le Livre des secrets est celui de ces femmes qui, pour exister dans une communauté masculine et rétrograde, n’avaient d’autre choix que d’en contourner les préceptes.



 
Nocturnes d'un chauffeur de taxi, collectifs, Philippe Rey édition, 17€50

En Corée, on « entre en littérature » non pas grâce à un « premier roman » mais avec une nouvelle, dès lors qu’elle est remarquée, primée par les grands quotidiens ou les très actives revues littéraires. Si bien qu’à la différence de la France, ce genre narratif y est devenu un art majeur. Cette anthologie rassemble des textes représentatifs de la production contemporaine : tous ont été publiés au cours de la dernière décennie et mettent en perspective les aspects les plus intimes d’une société dont nous ne connaissons généralement que les succès les plus flatteurs – pour ne pas dire les plus trompeurs.

Les auteurs représentés ici, une majorité de femmes, nous renvoient une image sans complaisance de leur monde comme il va. Ils le font, chacun à leur manière, sur des sujets très divers qui reflètent les évolutions contemporaines de la société coréenne et ses contradictions. Ainsi le travail à la chaîne est stigmatisé avec humour (noir ?) dans La fabrique de conserves ; la rudesse du quotidien est décrite dans Nocturne d’un chauffeur de taxi, qui illustre par ailleurs également un phénomène récent dû à l’évolution démographique, le mariage avec des femmes venues d’ailleurs ; les liens unissant la famille se délitent dans Semailles ; les on-dit viennent gangrener une petite ville dans Rumeurs ; le couple vit l’enfer et se désagrège dans Mon mari, tandis qu’il chemine avec poésie vers la mort dans Neuf épisodes ; la femme a conquis sa liberté dans Stoppie à moto mais le bonheur continue à lui échapper…

Dix histoires pour faire découvrir une littérature et un pays méconnus.


Une saison de chasse en Alaska, Lamazou & Gurrey, Paulsen, 29€

Une journaliste et un dessinateur partent pour trois mois à l’extrême nord de l’Alaska. Ils veulent constater au ras du terrain la révolution qui s’opère dans cette région polaire où la vie traditionnelle résiste encore tant bien que mal. Un nouvel eldorado pétrolier très convoité, des autoroutes maritimes bientôt accessibles, des ports gigantesques : comment les Inupiat, occupants millénaires de ces terres arctiques, envisagent-ils l’avenir qui leur est imposé ?
Zoé Lamazou et Victor Gurrey ont partagé le quotidien des habitants de Point Hope durant une saison de chasse. Avec eux, ils ont attendu le vent du nord. Ils ont attendu qu’un chenal s’ouvre dans la glace. Ils ont attendu la baleine ; tout en enquêtant sur les travaux exploratoires, en pleine mer, de grandes compagnies pétrolières. Ils nous livrent des témoignages émouvants sur un monde en mutation, un monde menacé.



 le journal des cinq saisons, Rick Bass, Folio, 8€90

Au Montana, entre la rudesse de l’hiver et l’explosion du printemps, se glisse une cinquième saison, quand les glaces se transforment en boue et la végétation n’a pas repris ses droits. Rick Bass la décrit avec l’émerveillement du poète, comme plus tard les oies remontant du sud et les ours noirs arpentant les pentes inondées de soleil. Témoignage le plus abouti de l’écrivain sur la vallée du Yaack, cet ouvrage est une déclaration d’amour à une nature sauvage qui risque de disparaître. 

samedi 10 mai 2014

Sur la route again...

Sur la route again aux états-unis avec Kerouac, Guillaume Chérel, Transboréal 20€90

Coup de coeur Romain
Partir sur les traces d'un de ses auteurs préférés, on en rêve souvent, Guillaume lui l'a fait avec passion, engouement, détermination. Il a rencontré et côtoyé l'Amérique dont on ne parle pas assez, celle des « clochards célestes » et autres « vagabonds solitaires ».Vingt ans après avoir traversé l'Amérique sur les traces de Jack London, Guillaume Chérel repart à 40 ans sur les traces de l'autre Jack. Embarquez dans les Greyhound (bus américains) et découvrez l'Amérique d'aujourd'hui, celle d'Obama. Sur la route again est un voyage sur les traces de Kerouac mais est aussi une comparaison entre l'Amérique des années 50 et l'actuelle. Un récit cru, épique, et sans concession dans l'esprit et la forme de l'écriture automatique chère à Kerouac. 

 Extraits

La génération actuelle n'a plus envie de grand-chose, même pas de voyager, ni d'espérer. Elle veut juste planer, s'amuser, boire, manger, jouer aux jeux vidéo, consommer, gagner vite de l'argent...pour bien s'habiller. Elle veut dormir longtemps. Déjà fatiguée de vivre.


Steve, lui, Afro-Américain de 40 ans, raconte qu'il s'en sortait jusque-là en cultivant son potager, mais que ça ne suffit plus : «  j'ai été viré de Good Years « Bonne année »... tu parles d'un nom ! Je passais ma vie à travailler, à dormir, à voyager pour aller travailler puis à dormir. Pas de petite amie, rien que la télé, le base-ball et la bière ! » Ainsi va l'American Way of (Fucking) life. On se plaint pas, on subit.


La route, c'est une aube qui n'en finit pas. Le bonheur de prendre la route, c'est de tout faire à nouveau comme si c'était la première fois. On a coutume de dire que seul le voyage compte. Que la destination importe peu... Ce n'est pas mon avis. L'action de voyager en elle-même ne m'intéresse pas tant que ça. C'est le vertige du dépaysement qui me vrille les neurones et me donne l'impression de renaître à chaque fois. Tous les sens en éveil, à chaque destination... A chaque arrêt sur image. De nouvelles odeurs. Architectures, etc. A chaque fois que j'arrive quelque part, je me dis : des gens que je connaissais pas vivent ici. J'aimerai les connaître tous ! Partout.



Il y eut de la bruine et de la pluie et du mystère dès le début du voyage au Mexique. J 'étais aux anges, décidément... Je savais que je laissais derrière moi le désordre (les dettes) et l'absurdité (de cette société basée sur le fric, les rapports de pouvoir, etc.) et que je remplissais ma noble et unique fonction dans l'espace et le temps : le mouvement. Et pour me mouvoir, je me mouvais. Quinze mille kilomètres parcourus, au moins, depuis mon premier pas à New York. Je ne comptais plus. La pureté de la route. Et cette ligne blanche au milieu de l'autoroute qui se déroulait et léchait les pneus de mes bus à l'infini, comme si elle collait à l'étrave d'un navire.