samedi 10 mai 2014

Sur la route again...

Sur la route again aux états-unis avec Kerouac, Guillaume Chérel, Transboréal 20€90

Coup de coeur Romain
Partir sur les traces d'un de ses auteurs préférés, on en rêve souvent, Guillaume lui l'a fait avec passion, engouement, détermination. Il a rencontré et côtoyé l'Amérique dont on ne parle pas assez, celle des « clochards célestes » et autres « vagabonds solitaires ».Vingt ans après avoir traversé l'Amérique sur les traces de Jack London, Guillaume Chérel repart à 40 ans sur les traces de l'autre Jack. Embarquez dans les Greyhound (bus américains) et découvrez l'Amérique d'aujourd'hui, celle d'Obama. Sur la route again est un voyage sur les traces de Kerouac mais est aussi une comparaison entre l'Amérique des années 50 et l'actuelle. Un récit cru, épique, et sans concession dans l'esprit et la forme de l'écriture automatique chère à Kerouac. 

 Extraits

La génération actuelle n'a plus envie de grand-chose, même pas de voyager, ni d'espérer. Elle veut juste planer, s'amuser, boire, manger, jouer aux jeux vidéo, consommer, gagner vite de l'argent...pour bien s'habiller. Elle veut dormir longtemps. Déjà fatiguée de vivre.


Steve, lui, Afro-Américain de 40 ans, raconte qu'il s'en sortait jusque-là en cultivant son potager, mais que ça ne suffit plus : «  j'ai été viré de Good Years « Bonne année »... tu parles d'un nom ! Je passais ma vie à travailler, à dormir, à voyager pour aller travailler puis à dormir. Pas de petite amie, rien que la télé, le base-ball et la bière ! » Ainsi va l'American Way of (Fucking) life. On se plaint pas, on subit.


La route, c'est une aube qui n'en finit pas. Le bonheur de prendre la route, c'est de tout faire à nouveau comme si c'était la première fois. On a coutume de dire que seul le voyage compte. Que la destination importe peu... Ce n'est pas mon avis. L'action de voyager en elle-même ne m'intéresse pas tant que ça. C'est le vertige du dépaysement qui me vrille les neurones et me donne l'impression de renaître à chaque fois. Tous les sens en éveil, à chaque destination... A chaque arrêt sur image. De nouvelles odeurs. Architectures, etc. A chaque fois que j'arrive quelque part, je me dis : des gens que je connaissais pas vivent ici. J'aimerai les connaître tous ! Partout.



Il y eut de la bruine et de la pluie et du mystère dès le début du voyage au Mexique. J 'étais aux anges, décidément... Je savais que je laissais derrière moi le désordre (les dettes) et l'absurdité (de cette société basée sur le fric, les rapports de pouvoir, etc.) et que je remplissais ma noble et unique fonction dans l'espace et le temps : le mouvement. Et pour me mouvoir, je me mouvais. Quinze mille kilomètres parcourus, au moins, depuis mon premier pas à New York. Je ne comptais plus. La pureté de la route. Et cette ligne blanche au milieu de l'autoroute qui se déroulait et léchait les pneus de mes bus à l'infini, comme si elle collait à l'étrave d'un navire.

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