vendredi 13 septembre 2013

La Vallée seule

La vallée seule, André Bucher, Le Mot et le Reste, 16€


"...c'est fou, tout de même, le nombre de personnes seules qui vivent dans cette vallée. Tu as une explication?

- Il n'y a pas qu'elles, le monde entier est en train de devenir seul."

Coup de cœur de la rentrée littéraire de Romain

Pas besoin d'être un auteur américain pour écrire du nature writing, André Bucher nous le prouve ici dans ce magnifique récit écrit dans la plus pur lignée des écrivains de grands espaces.

La vallée seule c'est l'histoire d'un territoire quelque part entre le Ciel et la terre, et de son intimité, de ses habitants, de sa faune et des saisons qui passent et repassent. Qu'importe sa localisation, auvergne, ardèche, vosges, pyrénées et pourquoi pas les monts d'Arrée, cette vallée est coupée du monde. Elle est seule tout comme ses habitants qui s'entraident ou se disputent.
A vous de choisir le personnage principal, Gisèle l'institutrice atteinte d'un cancer, Raoul le patron du bistrot qui revêt la soutane lorsqu'il le faut, Alain l'ex acrobate reconverti en guide de chasse, à moins que ce ne soit le Cerf !


http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-andre-bucher-2013-11-26

page 24:

"Il manquait à ce pays un manuel d'instruction civique. En tout cas, quelque document un peu plus explicite qu'une table d'orientation. L'hiver, parfois, la neige et le froid s'ingéniaient à ralentir les mouvements. Même la mécanique laborieuse du temps s'enrayait, les horloges prenaient du retard sur les montres. Plus aucun portable, ordinateur, relais de communication ne fonctionnait. La seule radio continuant d'émettre était la tronçonneuse. Dès qu'on l'entendait rugir, on repérait l'endroit à la hâte, vérifiant de fait qu'untel était encore valide. Puis on percevait le bruit d'un autre engin, cette fois dans le sens inverse. Et ainsi de suite. Une façon imparable de se compter de temps à autre, car d'habitude, dans ce pays, l'on ne départageait point les vivants des morts. Il n'y avait qu'aux enterrements où l'on tenait de réfléchir en éloignant ceux qui s'en vont de ceux qui restent."

page 36:

"Une eau de fonte, forte et dure, entrechoquait les pierres. Elle cascadait du haut d'un amas de rocher pour s'abîmer, engloutie dans une faille verticale, sur une vingtaine de mètres avant de ressurgir, bouillonnante de fureur et d'achever sa trajectoire dans le déversoir d'un captage. Le soleil baignait encore le flanc arrondi de la montagne. Une pâle lumière se hasardait, elle s'égouttait doucement sur les sommets enneigés."




Page 157:

"Novembre. L'automne est grippé. Les nuages, les ailes déployées, planent en survolant les crêtes. Ils se succèdent en silence et transportent de la neige en abondance dont ils se délesteront pendant la nuit. En attendant, à l'étage en dessous, les ombres se reposent et respirent, alanguies. A peine remuent-elles, de temps à autre, dans l'obscurité quand la lune joueuse les agace.

A présent, elles se déplacent vers la rivière luisante et s'étendent le long de son méandre lumineux, ne laissant transparaître qu'un mince fil d'argent. L'hiver tend ses pièges à l'avance, aussi le gel et la neige sortent leurs mâchoires. Si la première morsure se répand, l'hiver ne désemplit point. Si elle se résorbe rapidement, le temps reste incertain."



Plus d'infos: 

http://lemotetlereste.com/mr/ecrits/lavalleeseule/ 

http://andrebucher.tumblr.com

2 commentaires:

  1. Bonjour je découvre ce blog et je retrouve ici André Bucher avec grand plaisir, j'ai chroniqué deux de ses livres qui m'ont beaucoup plu

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  2. Bonjour,
    mise en ligne du documentaire André Bucher, entre terre et ciel :
    https://vimeo.com/ondemand/andrebucher
    http://andrebucher.tumblr.com
    cordialement

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